Mathieu Sohier naît à Noyon, en Picardie, aux alentours de 1500. Il y exerce la fonction de prêtre, avant de se voir proposer la direction de la Maîtrise de Notre-Dame de Paris, poste qu'il honore le 5 août 1533 en tant que magister puerorum chori. Toutefois, Mathieu Sohier semble nourrir l'envie de retourner à Noyon. À partir de 1539, il endosse des responsabilités supplémentaires en devenant chanoine de la cathédrale de Noyon, et en obtenant un bénéfice ecclésiastique à Vincy (aujourd'hui Vincy-Reuil-et-Magny). De plus, il demande à être libéré de ses fonctions à Notre-Dame dès le 17 avril 1545, demande rejetée pendant 3 ans, jusqu'au 2 janvier 1548, date à partir de laquelle Mathieu Sohier est probablement retourné à Noyon jusqu'à sa mort. L'ensemble de la production musicale de Mathieu Sohier, imprim é à Paris entre 1534 et 1556, présente une polyphonie contrapuntique qui procède par imitations successives de motifs mélodiques. Cette écriture complexe et animée laisse peu de place à l'homorythmie et conduit à des dissonances dont les résolutions peuvent parfois présenter quelques maladresses. Si les thèmes mélodiques des deux chansons semblent originaux, les trois motets sont construits à partir des mélodies de plain-chant des antiennes grégoriennes. Ces trois motets ainsi que les trois messes « Le cueur est mien », « Ave regina caelorum » et « Et resurrexit » ont été composés lorsque Mathieu Sohier était en poste à Notre-Dame de Paris, et ont certainement eu pour but de servir la liturgie de la cathédrale. Deux des chansons attribuées à V. Sohier – O cueur ingrat et sa «réponse» De moy jouyr - sont imprimées l'une à la suite de l'autre par Pierre Attaingnant en 1545 dans le Dixhuyctiesme livre contenant xxviij chansons nouvelles tres musicales. Composées pour quatre voix sur un texte lyrique, elles présentent la même forme (AABAA).